Sauf exception, les collaborateurs dorment en dehors de leurs heures de travail et de leur lieu de travail. On pourrait donc naturellement penser qu’il est de leur ressort de pendre soin de leur sommeil. Cependant, cette vision cloisonnant vie professionnelle et vie personnelle s’efface depuis quelques années, au profit d’organisations visant à concilier performance de l’entreprise et santé de ses collaborateurs. Le sommeil ayant un impact tel impact sur ces deux aspects qu’il apparaît nécessaire de l’intégrer dans les politiques QVCT.
Mais au-delà du principe, comment s’y prendre concrètement ?
Vous trouverez quelques pistes dans cet article.
1. Troubles du sommeil de quoi parle-t-on ?
Les troubles du sommeil sont des phénomènes venant perturber la qualité, la durée ou le déroulement du sommeil. Les deux principaux symptômes sont :
- Les insomnies : difficultés d’endormissement, réveils nocturnes ou anticipés
- Les décalages du rythme éveil-sommeil
A court terme, ils génèrent somnolence, troubles de la concentration, perte de vigilance, changements d’humeur…
A long terme, ils sont la cause de diabète, problèmes cardiovasculaires, dépression…
En entreprise, ils génèrent de l’absentéisme, les salariés dormant mal étant deux fois plus absents que la moyenne selon l’INSV (8% vs 4%), et sont la première cause d’accidents mortels sur la route (10% fatigue au volant, 20% somnolence) selon l’INRS.
49% des Français déclarent souffrir de troubles du sommeil, et évoquent le travail (54%) et le stress (40%) comme principales raisons selon Santé Publique France.
Il n’est donc pas étonnant que 54% des salariés souhaitent que leur entreprise leur offre un service pour mieux gérer leur sommeil (Malakoff Médéric).
2. Les progrès en matière de qualité de vie et de conditions du travail
L’ANI pour une prévention renforcée et une offre renouvelée en matière de santé au travail et conditions de travail de décembre 2020 étend le concept de Qualité de Vie au Travail (QVT) à celui de Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT), pour y regrouper la prévention des risques. La QVCT porte ainsi sur :
- L’articulation des sphères de vie professionnelle et personnelle
- Les conditions d’exercice du travail
- L’utilité et le sens du travail, les transformations rapides du travail (numérisation…), la conduite du changement, la mobilisation de modalités d’organisation du travail tel le télétravail…
- L’expression des salariés et leur participation
Si la loi du 2 août 2021, fondée sur cet ANI, substitue le terme de QVCT à celui de QVT, elle change néanmoins peu les obligations de l’employeur :
- L’article L2242-1 et suivants du code du travail prévoient l’engagement régulier de négociations sur ces thèmes et en spécifient les contours
- L’article L4121-1 et suivants du code du travail posent le principe d’obligation de l’employeur de protéger la santé physique et mentale des travailleurs, et leurs conditions de mise en œuvre
A travers ces accords, il s’agit pour les entreprises d’engager des démarches qui transforment leur organisation, de manière à concilier performance, qualité de vie et santé des collaborateurs.
3. L’information et la formation sur le sommeil, élément clé des dispositifs
Parmi l’ensemble des actions mises en œuvre, l’information et la formation des travailleurs est nécessaire, car ils sont les premiers concernés par les changements.
De plus, plus les salariés seront formés et sensibilisés, plus le dialogue sur l’adoption de mesures structurelles sera nourri et constructif.
Concernant leur santé, compte tenu de l’importance du sommeil, il apparaît fondamental de les accompagner dans ce domaine, à l’instar des formations gestes et postures pour lutter contre les risques de troubles musculosquelettiques (TMS) en cas de manutention manuelle, qui est une obligation règlementaire.
En effet, tout comme les douleurs, les troubles du sommeil ne s’arrêtent pas à la porte de l’entreprise.
Ce devoir d’information et de formation sur le sommeil est déjà une obligation en cas de travail de nuit, qui fait l’objet d’un article séparé.
Pour autant, le travail en horaire standard peut également générer des troubles du sommeil, qui pourront non seulement affecter la santé mais aussi la productivité des collaborateurs.
Il n’y a donc pas de raisons que ceux travaillant dans ces conditions n’en bénéficient pas également.
4. Comment s’y prendre ?
La formation des collaborateurs et l’organisation du travail font partie d’un même ensemble d’actions qui doivent s’articuler entre elles.
Ainsi, les salariés exposés aux troubles du sommeil devraient apprendre à se protéger sur le long terme contre les risques.
Mais pour bien les appréhender, il est important d’en connaître les causes les plus communes.
4.1. Hygiène du sommeil : prendre les bonnes habitudes
Un certain nombre de comportements de la vie quotidienne influent sur notre sommeil, comme par exemple :
- Maintenir la plus grande régularité possible dans ses heures de sommeil et d’exposition à la lumière et à la noirceur
- Se détendre mais éviter de faire une sieste en cas de fatigue importante au cours de la journée
- Éviter d’utiliser de l’alcool ou des drogues pour s’endormir
- Quitter sa chambre en cas de réveil la nuit avec du mal à se rendormir
- Résister au désir de regarder l’heure la nuit
- Régler son réveil pour qu’il sonne à l’heure voulue et régulière de sa levée le matin
- Éviter l’utilisation excessive de substances stimulantes au cours de la journée
- Réserver sa chambre à coucher pour le sommeil (et les activités sexuelles)
- Dormir dans un environnement calme, sombre, tempéré et bien ventilé
- Planifier un temps de repos et de loisirs tous les jours, particulièrement en soirée.
Ainsi, pour être réellement efficaces, il est important d’encourager la formation des habitudes.
Plus qu’une sensibilisation, il s’agira donc d’un accompagnement dans le temps.
4.2. Stress, anxiété, représentations faussées : Les thérapies Cognitives et Comportementales de l’insomnie (TCCI)
Au-delà des règles d’hygiène du sommeil, les stress, l’anxiété, et les représentations faussées sur le sommeil peuvent également constituer des causes d’insomnie.
Dans ce domaine, les TCC de l’insomnie ont fait leurs preuves, et des organismes comme l’INSERM les recommandent, avant un traitement médicamenteux.
De plus en plus de professionnels de santé, comme les psychologues, se spécialisant dans ces techniques, il est de moins en moins difficile d’y avoir accès.
Il s’agit d’un accompagnement, généralement bref (quelques séances) qui permet de comprendre le fonctionnement du sommeil, la ou les causes de son trouble, et d’appliquer des techniques pour les résoudre.
Cet accompagnement est par définition individuel.
Il existe d’autres causes de troubles du sommeil, comme les problèmes physiologiques (apnée) ou les dépressions. Ces cas-là nécessitent une prise en charge clinique.
Enfin, les médicaments sont bien entendu efficaces et nécessitent moins d’efforts, mais ils ne règlent pas les problèmes dans la durée en s’attaquant à leur cause.
Chez ZC Santé, nous sensibilisons et accompagnons individuellement vos collaborateurs pour mieux gérer leur sommeil. Découvrez notre approche et nos offres.
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